Fonds vert et grands flous – POLITICO

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Pro Energie & Climat Matin France

Par NICOLAS CAMUT

Avec AUDE LE GENTIL et ARTHUR NAZARET

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— Les collectivités s’incrustent sur l’avenir du Fonds vert

— Un think-tank pense que le nouveau nucléaire ne tiendra pas ses délais

— Fessenheim : le projet de démantèlement avance

Bonjour à toutes et à tous, nous sommes jeudi 18 avril. Pour accompagner votre petit-déjeuner, nous vous avons préparé une infolettre riche en atome !

LE FONDS VERT N’EST PAS MÛR. Ce matin, Christophe Béchu convie les élus à célébrer le Fonds vert, qui fait pourtant grise mine. Lancé l’année dernière, ce dispositif aide les collectivités à financer leur transition écologique et devait être porté à 2,5 milliards d’euros en 2024. Mais ça, c’était avant les coupes budgétaires.

Bravache, votre infolettre ose le mot “coupe”, terme que le cabinet du ministre de la Transition écologique juge “inadapté”. Devant la Fédération nationale des travaux publics, Christophe Béchu a préféré euphémiser : “Le Fonds vert n’a pas baissé, l’augmentation a été annulée.” Il n’empêche que les collectivités ne verront pas la couleur des 500 millions supplémentaires qui leur avaient été promis. 

Les collectivités toquent aux portes depuis, pour savoir comment seront répartis les millions restants, sans obtenir de réponses. Une circulaire — “imminente”, indique le cabinet du ministre — est attendue pour indiquer aux préfets comment prioriser les dossiers.

Le sort des écoles inquiète. Une enveloppe de 500 millions d’euros devait être fléchée vers la rénovation énergétique des bâtiments scolaires. L’Association des maires de France espérait profiter d’une rencontre avec la ministre de l’Education nationale, début avril, pour obtenir une réponse. Las, cette dernière “ignorait qu’elle copilotait ce dossier”, selon une participante.

En attendant, les projets patinent. Pour Damien Demailly, de l’Institut de l’économie pour le climat, les signaux contradictoires du gouvernement — accélération à l’automne, coup de frein en février — vont refroidir les collectivités pour longtemps.

“Le manque de visibilité peut enfermer dans une logique d’effet d’aubaine, craint-il, avec des élus qui ne soumettront que des projets qu’ils auraient mené de toute façon.” Ma collègue Aude Le Gentil raconte dans cet article comment les collectivités tentent de sauver les meubles.

A 10 heures, Christophe Béchu ouvre un évènement sur le Fonds vert et l’adaptation des collectivités.

A 20 heures (heure de Paris), Bruno Le Maire s’entretient avec Melinda Gates à Washington.

Assemblée nationale et Sénat : vacances encore et toujours.

TROP OPTIMISTE. La construction de 14 nouveaux EPR d’ici 2050, objectif affiché d’Emmanuel Macron, est un objectif “au mieux irréaliste”, selon une note du think-tank Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) à paraître ce matin, et que votre serviteur a pu consulter en avant-première.

“14 réacteurs nucléaires en 26 ans, ça fait un tous les deux ans”, calcule Jonathan Bruegel, analyste à l’IEEFA et auteur de la note. “Ce n’est tout simplement pas en ligne avec les derniers EPR”, et notamment celui de Flamanville, dont le chantier dure depuis 17 ans, juge-t-il. Il croit à l’avenir des six EPR mais est “beaucoup plus sceptique sur les huit nouveaux réacteurs”.

Ça va le faire. Joël Barre, l’œil de l’Etat sur la relance de l’atome, mise sur une montée en puissance de la filière industrielle pour tenir les délais. “Il faut faire un programme de série, avec la tête de série à Penly et utiliser la dégressivité pour atteindre des délais de réalisation suffisants”, expose-t-il depuis son bureau boulevard Saint-Germain.

Parlons peu, parlons “flux”. Même son de cloche chez le député Raphaël Schellenberger (LR), fervent défenseur du nucléaire : ce qui compte, “c’est le flux”. “Si on ne veut pas avoir un effet de falaise … il faut construire un réacteur tous les ans”, assène-t-il, attablé avec votre infolettre près du Palais-Bourbon.

TOUT DOIT DISPARAÎTRE. Le député LR Raphaël Schellenberger — encore lui — est confiant sur la conclusion de l’avis que doit rendre la Commission locale d’information et de surveillance (Clis), qu’il préside, sur le dossier de démantèlement d’EDF concernant la centrale nucléaire de Fessenheim, à l’arrêt depuis 2020. Et pour cause : c’est lui qui tient la plume.

L’avis sera favorable, a confié le député du Haut-Rhin à votre infolettre. Un “avis favorable inconditionnel”, déplore André Hatz, président de Stop Fessenheim et membre associé du Clis. “Dans l’ensemble le dossier d’EDF est assez bien présenté mais tel qu’il est, il propose un démantèlement low cost”, complète le militant anti-nucléaire. Il voudrait que dans la zone nucléaire, le radier (la fondation de la centrale) soit “totalement enlevé”.

Coûter un Rhin. Sirotant son Coca dès 10 heures du matin, le député Schellenberger reconnaît un point de clivage. Qui se résume à cette question : jusqu’où démanteler ?  Certains, comme lui, veulent que le terrain redevienne un potentiel terrain industriel (“brown field”, dans le jargon). 

“Là-dessus, la classe politique est alignée, sauf les écolos“, explique le député. Ces derniers aimeraient aller jusqu’à un retour à l’herbe (“green field”). “Idéalement, c’est ce qu’on préférerait mais nous ne sommes pas contre une activité industrielle, à condition que ce ne soit pas une activité nucléaire”, nuance André Hatz.

Quel avenir pour le site ? Un technocentre à l’horizon 2031. EDF y travaille. Il servirait à recycler les métaux issus d’installations nucléaires. “La filière de retraitement est en train de se structurer”, se félicite le jeune député. Si ça ne tenait qu’à lui, il y mettrait bien aussi un mini réacteur. “Fessenheim doit rester un site de production nucléaire”, insiste-t-il.

MANIFESTE ELECTRIQUE. L’Union française de l’électricité (UFE), l’association de la filière électrique, sort aujourd’hui sa liste de priorités pour la prochaine mandature européenne, que votre infolettre préférée a évidemment décortiquée. Un manifesto très proche de la ligne du gouvernement français.

Morceaux choisis :

— Instaurer la neutralité technologique dans les textes européens avec des objectifs bas carbone (traduction : pour inclure davantage le nucléaire) ;

— Intégrer un critère de notation sur le made in Europe dans les textes encadrant les aides d’Etat en allant plus loin que le Net Zero Industry Act ;

—  Mettre en place des indicateurs pour suivre l’électrification des usages.

Principal mot d’ordre : la continuité. “Il faut éviter les stop and go”, estime Christine Goubet-Milhaud, présidente de l’UFE. Elle appelle à “donner un environnement réglementaire et régulatoire et d’accompagnement qui soit à peu près stable pour que les acteurs économiques s’organisent”.

Made in Europe. La présidente du lobby appelle aussi à retrouver “une forme de souveraineté industrielle” pour lutter contre la concurrence étrangère. Elle voit dans l’ouverture d’une enquête par la Commission européenne sur les subventions de l’Etat chinois à ses producteurs éoliens dont nous vous parlions ici “un signal intéressant”.

ECLIPSE TOTALE. L’entreprise de panneaux solaires Systovi a annoncé hier la cessation de ses activités. En cause, “l’accélération soudaine du dumping chinois”, pointe l’entreprise de 87 salariés installée à Carquefou, près de Nantes. Systovi était à la recherche d’un repreneur depuis un mois mais n’a pas encore reçu d’offre.

Avertissement. Une “disparition qui aurait pu être évitée si l’Etat s’était mobilisé”, reproche sur X Ronan Dantec, sénateur Ecologiste de Loire-Atlantique, qui avait alerté le ministre délégué à l’Industrie et l’Energie.

“L’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire ouvre la voie à un processus de recherche de repreneurs des actifs de la société. En parallèle l’Etat sera extrêmement vigilant au reclassement des salariés”, promet le cabinet de Roland Lescure. Ce dernier expliquait suivre de près la situation de Systovi, sans trop cacher qu’il misait davantage sur des projets de plus grande ampleur comme Holosolis ou Carbon. 

SÛRETÉ EN SURSIS. Les députés de la Nupes, et ceux du groupe Liot ont annoncé hier avoir saisi le Conseil constitutionnel sur le projet de loi sur la sûreté nucléaire.

Leur principal grief : le projet de loi “méconnaît (…) les exigences constitutionnelles de prévention, de préservation de l’environnement et de protection de la santé publique”, prévues par la Charte de l’environnement.

Ils reprochent également au texte “pas moins de seize renvoi au règlement intérieur de la nouvelle entité créée pour définir des règles qui auraient dû (…) l’être par le législateur” ainsi que la publication simultanée “des résultats des expertises [et] des décisions auxquelles ils se rapportent”.

— Les têtes de pont masculinistes sur les réseaux sociaux partagent souvent des discours climatosceptiques, décrypte Basta !.

— Croyant s’attaquer au barrage hydroélectrique de Courlon-sur-Yonne, des hackers russes ont finalement touché le moulin de Courlandon, raconte Le Monde.

— Les ministres de l’Environnement européens veulent plus de réglementation environnementale sous la prochaine Commission. Ma collègue bruxelloise Louise Guillot a eu accès à leur déclaration conjointe, qui doit être signée en juin.

Un grand merci à notre éditeur Alexandre Léchenet.

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